Travaux de ralentissement dynamique

Quelques notions sur le ralentissement dynamique

Le ralentissement dynamique reprend l’idée que l’on peut atténuer les crues d’un cours d’eau, c’est-à-dire en diminuer et en étaler la pointe, en cherchant à freiner les écoulements avant leur arrivée dans le lit du cours d’eau, à mobiliser les capacités d’amortissement offertes par les débordements des crues dans le lit majeur et à stocker temporairement une partie des volumes de crue dans des ouvrages spécifiques.

Les actions de ralentissement dynamique peuvent avoir des effets indirects positifs dans différents domaines (lutte contre l’érosion en versant, restauration des habitats aquatiques et des annexes fluviales, gestion du transport solide, protection des ressources en eau).

Extrait du guide « Le ralentissement dynamique pour la prévention des inondations – guide des aménagements associant l’épandage des crues dans le lit majeur et leur écrêtement dans de petits ouvrages », CEMAGREF, Septembre 2004 :

La figure 1 ci-dessous illustre comment les composantes du paysage jouent un rôle dans les écoulements, et présente quelques aménagements possibles en versants, dans les réseaux primaires, et dans le lit majeur des cours d’eau permanents.

Schéma des cheminements de l’eau en bassin versant, zones d’épandage et de stockage temporaire

Ces différents éléments sont présentés ci-dessous en les regroupant selon leur nature et leur situation :

  • L’occupation du sol : une forêt (1) intercepte d’abord les écoulements, limitant la pluie efficace au moins en début d’évènement, et son sol présente une rugosité forte –  exception faite des chemins forestiers pouvant canaliser les écoulements selon leur disposition. La prairie (2) est enherbée tout au long de l’année, tandis que les champs (3) présentent une rugosité et une aptitude à concentrer ou absorber les écoulements très variables selon le type de culture et la période du cycle végétatif. De plus, certaines pratiques (sens de labour, drainage, bandes enherbées) peuvent modifier le ruissellement ;
  • Les éléments linéaires : disposés perpendiculairement à la pente, les haies et les talus (4), les terrasses, sont hydrauliquement efficaces pour intercepter les écoulements et limiter l’érosion des sols ;
  • Les réseaux artificiels et/ou artificialisés : fossés d’assainissement agricoles, buses sous les routes, peuvent être munis de limiteurs de débits (5), (6), à condition qu’ils soient spécifiquement étudiés, conçus et entretenus, de façon à atténuer leur effet général de concentration et d’accélération des écoulements ;
  • Le gabarit et la rugosité du lit mineur et des berges : la forme du chenal, l’état des rives et les aménagements éventuels du lit, la présence d’un bourrelet de berge, influent sur l’évacuation de l’eau. Des ouvrages spécifiquement conçus peuvent freiner localement les écoulements : ponts et ponceaux, passages sous buses… ;
  • Les aménagements hydrauliques, en versant, comme les bassins d’orage, ou en thalweg, comme les retenues à pertuis ouvert (8) et autres types de retenues, les endiguements transversaux, peuvent participer au laminage des écoulements.
  • Le milieu urbanisé (9) : des techniques alternatives aux réseaux d’assainissement urbains, mobilisant les capacités de stockage temporaire au niveau des habitations, de la voirie et de certains espaces urbains, favorisent le laminage d’une partie des volumes apportés par les épisodes pluvieux et permettent d’atténuer la concentration des ruissellements induits.

Les actions possibles de l’aménageur, dans ce contexte, sont de plusieurs types, consistant à rechercher :

  • Le ralentissement des ruissellements en versants, essentiellement dans les zones de fort ruissellement. Dans les micro talwegs à écoulements occasionnels, le ralentissement peut être favorisé en zone rurale par embroussaillement (7), mais également par un réaménagement des parcelles agricoles (réhabilitation des haies et talus hydrauliquement efficaces) (4). L’emploi de chaussée à structures réservoirs en milieu urbanisé (9) tempère les effets de l’imperméabilisation des sols ;
  • La limitation ponctuelle des débits dans les réseaux primaires artificialisés (fossés d’assainissement agricole à fort potentiel de stockage (6), buses de collecte sous les routes spécifiquement conçues (5)). En milieu urbanisé (9), on peut mobiliser des capacités de stockage modestes et localisées, mais nombreuses, dans les habitations (citernes, puits) ou plus importantes et appuyées sur des structures linéaires (tranchées dédiées enterrées sous parkings, trottoirs ou jardins, noues) ;
  • L’augmentation de la rugosité, et éventuellement la revégétalisation raisonnée des berges des lits mineurs et des lits moyens (7) ;
  • La mobilisation du lit majeur : elle peut être mise en œuvre, là où cela est tolérable et permet un laminage effectif, selon différentes modalités : aménagements légers (arasements localisés de bourrelets de berges, seuils noyés), ouvrages transverses comme les retenues à pertuis ouverts (8), déversoirs contrôlés sur digues ouvrant sur des casiers ou des zones d’expansion de crues, ouvrages de prise pour la dérivation vers des retenues sèches. En zone urbanisée (9), des espaces hors d’eau ou déjà en eau (places publiques, terrains de sports, espaces de loisirs) peuvent être utilisés comme bassins de stockage temporaire et contribuer au laminage des écoulements. Pour tous ces cas, il est absolument nécessaire de prévoir les dispositions adéquates de mise en sécurité des zones exposées en cas de crue.

Le tableau ci-dessous résume le type d’actions permettant le ralentissement dynamique des écoulements :

Typologie des procédés permettant le ralentissement des écoulements

Actions du syndicat

Dans le cadre des PAPI Dordogne lotoise successifs, le Syndicat a réalisé plusieurs ouvrages de ralentissement dynamique. D’autres sont en projet. En voici deux exemples :

Le bassin d’écrêtement du Labrunie (commune de Sain-Laurent-les-Tours)

Les études menées dans le cadre du PAPI Dordogne lotoise 2006-2011 ont mis en évidence l’impact positif de la création de deux bassins d’écrêtement sur le bassin versant du Fontvieille, petit cours d’eau semi-permanent, à forte pente et présentant de nombreux enjeux bâtis (habitats et activités économiques) en zone inondable dans sa partie aval. L’objectif de protection visé est la crue trentennale.

Le premier bassin, de Labrunie, se situe en rive gauche du Fontvieille. Il intègre un bassin de rétention destiné à compenser l’imperméabilisation liée à l’urbanisation de la commune sur le versant.

Les travaux ont été réalisés de janvier à avril 2017 par le groupement d’entreprises Guintoli/Duchâtelet sous maîtrise d’œuvre du bureau d’études G2C Environnement (aujourd’hui Altereo). Le montant total des travaux s’est élevé à 190 053 € HT, financé à hauteur de 82,5% (Etat, Région, commune de Saint-Laurent les Tours).

Bassin d’écrêtement de Labrunie après sa mise en charge lors de la crue de juillet 2021 (Vues de la vanne de régulation et du déversoir aval)

Mobilisation de champs d’expansion de crue sur la plaine du Mamoul (commune de Cornac)

En juin 2010, des pluies importantes se sont abattues sur la commune de Cornac. Ces pluies ont notamment engendré des débordements conséquents du Mamoul dans le quartier de Laplaze. Un diagnostic complet de ces événements avec des propositions de travaux ont conduit à envisager un abaissement de la route des Fonds de Lacoste. Cette route a en effet engendré une mini-rétention d‘eau lors de cette épisode de crue et limite ainsi l’écoulement de l’eau hors de l’emprise du quartier Laplaze, en rive droite du Mamoul.

L’objectif de l’aménagement était donc de favoriser l’expansion des champs d’inondation du Mamoul sur des secteurs où l’enjeu humain est faible. Ainsi, l’aménagement de la route a pour objectif de limiter les débordements sur les secteurs habités de Laplaze et engendre donc une augmentation de la fréquence d’inondation sur les prairies adjacentes.

Les travaux ont été réalisés par l’entreprise COLAS Sud-Ouest sous maîtrise d’œuvre Altereo en novembre 2019 à début 2020 (travaux de finition de la voirie), pour un montant total de 40 500 € HT. Ils ont été financés à hauteur de 80% par l’Etat (40%), Agence de l’Eau (20%) et la Région Occitanie (20%).

Route de Laplaze avant (après la crue de juin 2010) et après travaux d’abaissement en 2019.

D’autres actions ont été menées (études, création de bassin d’infiltration des Gardelles à Puybrun…). D’autres projets sont en cours de finalisation dans le cadre du PAPI Dordogne lotoise (bassin du Fontvieille à Saint-Laurent les Tours, remobilisation de champs d’expansion de crue sur la plaine du Palsou à Bétaille, Bassin d’infiltration du Lucques à Puybrun) ou à l’étude dans le cadre des futurs PPG du territoire (reméandrage, revégétalisation de berges, restauration de zones humides…).