Quel risque sur le territoire ?

Comment définit-on le risque ?

Qu’est-ce qu’un aléa ?Qu’est-ce qu’un enjeu ?
Définition On entend paraléala manifestation d’un phénomène naturel. Un aléa est caractérisé par sa fréquence (décennale, centennale, …) et son intensité (hauteur et vitesse de l’eau pour les crues, magnitude pour les séismes, largeur de bande pour les glissements de terrain, …).Définition Un enjeu est représenté par les personnes, biens, aménagements, implantés dans la zone soumise à l’aléa (personnes, habitations, infrastructures, bâtiments, cultures, cheptels…). C’est aussi l’ensemble des perturbations économiques et sociales qui en découlent (perte d’exploitation des cultures, interruption des communications…).
Exemple Une inondation, un glissement de terrains, un séisme, ou encore une avalanche, un cyclone ou une éruption volcanique…Exemple Une école, un lotissement, une industrie …

Le risque résulte du croisement de l’aléa et de l’enjeu.

Caractérisation de l’aléa inondation

Les crues et inondations sont des phases du régime hydrologique. L’extraordinaire est constitué par les valeurs extrêmes et par le caractère catastrophique de certaines inondations. La diversité des régimes hydrologiques des cours d’eau du territoire du SMDMCA implique de fait une diversité des types de crues et d’inondations.

Les facteurs qui génèrent et conditionnent les crues et inondations

Les régimes de perturbations et événements météorologiques à l’origine des crues

Les crues se positionnent en majorité lors des périodes d’abondance pluviométrique (automne-hiver-printemps). Ces épisodes pluvieux peuvent durer plusieurs semaines et font entrer progressivement les bassins en saturation avant de générer des crues et des inondations. Ce facteur structurel n’a pas le même sens pour la Dordogne ou pour les petits affluents locaux. Ces abats d’eau sont d’autant plus importants qu’ils peuvent être soutenus et aggravés par la fonte nivale (mars 1783 sur la Dordogne, mars 1912 sur la Cère, mars 1963 sur la Bave…).

Les perturbations orageuses de saisons chaudes sont l’autre grand facteur structurel générant les crues et inondations du secteur. Elles concernent tous les bassins du territoire, même la Dordogne peut être concernée par ces épisodes orageux, comme en octobre 1960. Leur occurrence est aléatoire, mais ils se positionnent essentiellement entre mai et octobre, à la faveur d’ascendances violentes.

La convergence hydrographique et la concomitance des crues

Sur les 95 kilomètres de linéaire parcourant le territoire du SMDMCA, la Dordogne reçoit 10 affluents principaux (Souvigne, Palsou, Sourdoire, Borrèze, Maronne, Cère, Mamoul, Bave, Ouysse, Tournefeuille). Sur ce secteur de Dordogne moyenne, la grande vallée est une large gouttière recevant donc de nombreux bassins, mais également une ressource eau abondante (nappes de la Cère, de la Bave, du Limargue…), alimentant la nappe alluviale de la Dordogne, une des plus importantes du bassin Adour-Garonne.

Cette convergence hydrographique est un élément majeur qui permet à la Dordogne de connaître des crues inondantes générées par ses propres affluents : comme en mars 1930 ou en octobre 1960.

L’hydroélectricité

Sur la Dordogne comme sur la Cère, les grands travaux d’édification d’ouvrages hydroélectriques ont commencé à la fin du 19ème siècle pour s’achever dans les années 1950 avec le barrage de Bort les Orgues sur la Dordogne et en 1945 sur la Cère avec la construction des barrages de Saint-Etienne-de-Cantalès et de Nèpes.

Il s’agit dans la plupart des cas de barrages dits « réservoirs » qui permettent le stockage d’une réserve importante d’eau. Ces chaînes de barrages perturbent fortement le régime hydrologique de ces cours d’eau. On constate, depuis la construction de la chaîne dans les années 50, une disparition des petites et moyennes crues.

Toutefois, cette protection n’est nullement garantie et dépend entièrement du creux initial dans les barrages au début de la crue, donc de la gestion des barrages par l’exploitant. Ainsi, le risque d’inondation reste entier et les impacts d’une crue majeure, telle celle de 1944, seraient particulièrement dramatiques dans le cas où les barrages seraient remplis initialement.

Les moyennes crues hivernales et printanières nécessaires à l’équilibre dynamique de la rivière mais parfois dommageables à l’homme, ont pratiquement disparu du régime hydrologique de la Dordogne. Les crues estivales sont bien écrêtées par les aménagements hydrauliques, elles tendent à disparaître également.

Le barrage de Bort les Orgues

L’aspect apparemment « positif » de la présence de barrages sur ces grands axes doit être nuancé car s’il y a diminution effective de certaines crues, il ne faut pas oublier que celles-ci sont des phases normales du régime hydrologique. Elles permettent deux choses essentielles à la bonne gestion du risque d’inondation :

  • L’entretien des annexes fluviales comme les bras morts, qui participent au maintien d’un libre écoulement optimal. Elles permettent également le remaniement des îlots et bancs alluviaux, ainsi que la migration des embâcles dans le lit mineur.
  • La disparition des petites et moyennes crues est également à l’origine d’une perte progressive de la culture du risque. Cela se traduit par des comportements qui augmentent la vulnérabilité aux inondations (développement d’activités vulnérables en bordure de cours d’eau, aménagement des rez-de-chaussée des habitations…).

L’EPTB EPIDOR a réalisé la vidéo suivante, « Barrages et crues sur le bassin de la Dordogne », dans le cadre de son PAPI Dordogne :

Le ruissellement de versants 

Hormis les aspects topographiques (pente), le ruissellement est conditionné par la nature du sol, son utilisation agricole, le taux de végétation et le niveau d’imperméabilisation.

Des études à l’échelle du bassin de la Dordogne (EPIDOR – PAPI 2006) ont conclu au fait que l’effet aggravant du ruissellement sur les crues se localise totalement sur les bassins affluents de la Dordogne, et qu’il est dû avant tout à l’utilisation agricole et non à l’artificialisation urbaine. En effet, sur les territoires majoritairement ruraux, trois facteurs principaux vont favoriser les ruissellements de versants :  la battance des sols, la couverture végétale et le drainage agricole. Si on recoupe ces éléments avec la capacité d’infiltration des sols, les secteurs les plus exposés sur le territoire du SMDMCA sont les bassins de la Tourmente, de la Sourdoire, de la Bave et du Mamoul, c’est-à-dire le Limargue et le Ségala.

L’artificialisation des vallées

L’artificialisation des vallées recouvre l’ensemble des aménagements dans les plaines d’inondation pouvant perturber le déroulement d’une crue. Il s’agit des ouvrages en remblais, linéaires ou spatiaux (ponts, routes, voies ferrées, remblais, zones d’activités…) ou des aménagements hydrauliques (recalibrage de cours d’eau, canaux de moulins…).

Les trois photographies ci-dessous illustrent le rôle complexe que peut jouer un aménagement routier en plaine inondable : accélérant les écoulements sur la photo 1 (le Céou à St Cybranet en janvier 1996), guidant les écoulements sur la photo 2 (la Cère à Bretenoux en 2003), ou barrant l’expansion de la crue sur la photo 3 (le Céou à la Borie en janvier 1996).

Les types de crues et inondations et leurs caractéristiques

Si la typologie « classique » des types de crue est relativement simple, le territoire se caractérise par des interactions systématiques entre différents types de crues. Il faut donc retenir un type dominant qui sera toujours complexifié par des facteurs secondaires.

Les inondations de plaine

Il s’agit de crues de débordements en grande plaine alluviale, issue d’épisodes pluvieux longs saturant le bassin. Elles correspondent aux crues de la Dordogne et de la Cère (bassins versants de plus de 1 000 km²), complexes car issues de bassin important, et se développant en plaine relativement large. Les caractéristiques de ces crues sont fluviales (montée de crue et décrue lente, temps de submersion important…).

Inondations de janvier 1994 sur la Dordogne (Q10), présence de chenaux de crue et vitesses moyennes lentes sont caractéristiques des crues de plaine. Cette crue est morphogène pour le lit mineur, mais pas pour le lit majeur car l’inondation se cale dans les formes de la plaine sans les remanier.

Les inondations rapides

Elles sont générées par des épisodes pluvieux ou orageux violents, avec une montée de crue n’excédant pas 3 jours. Les crues de la Bave, de la Tourmente, de la Sourdoire, de la Borrèze et de l’Ouysse connaissent ces inondations « rapides » qui conjuguent débordements et ruissellements. Les vitesses sont importantes (plus de 1m/s en moyenne), mais les hauteurs en plaine restent plutôt modestes (moins de 2m). C’est l’aléa inondation le plus impactant du fait qu’il intervient plus souvent que les crues de plaine, sur des secteurs sièges de nombreux enjeux.

Des crues de ce type ont été observées notamment en septembre 1992, 1997, 2000 et 2002, juin 2002 sur l’ensemble des affluents.

Les inondations composites

Il s’agit d’inondations de débordement mêlant les caractéristiques des deux types précédents. Elles touchent des bassins versants d’une superficie comprise entre 100 et 400 km² environ. La Bave, la Borrèze, la Tourmente et la Sourdoire ont la plupart de leurs crues d’origine composite.

La montée de crue est rapide (quelques heures à quelques jours), mais le bassin est saturé par des pluies préalables et les intensités de pluies déclenchant la crue ne sont pas extrêmes. L’étale et la décrue sont longs et le retour à la normale se fait plusieurs jours après le déclenchement de la crue.

Les crues torrentielles

Il s’agit dans ce cas de crues très soudaines et complètement imprévisibles, définies par une violence extrême et de forts transports solides (d’où le terme « crues torrentielles »). Elles touchent les sous affluents du réseau hydrographique, ainsi que les combes et vallées sèches. L’aléa se caractérise par les compétences érosives très importantes de ces écoulements.

Le ruissellement pluvial ou de versants

Les secteurs sensibles au ruissellement ont été définis précédemment du pont de vue physique.

Le phénomène de ruissellement de versant est caractérisé par la quasi absence de concentration des écoulements dans un drain bien marqué sur le terrain (écoulements dits « laminaires »). Ce ne sont strictement pas des inondations mais leur rôle dans la genèse de celles-ci est primordial.

Ces ruissellements peuvent de plus provoquer des dégâts importants ponctuellement, notamment sur des aménagements et du bâti.

Les versants sensibles au ruissellement superficiel et torrentiel sont répartis sur l’ensemble du territoire et ont tendance à se développer du fait de certaines pratiques agricoles et de l’extension des secteurs urbanisés, particulièrement autour des agglomérations sensibles aux « coups d’eau » (Saint-Céré, Souillac…).

Ces aspects sont en lien avec les phénomènes pluvio-orageux de petits bassins. Le ralentissement dynamique est une solution efficace pour réduire l’impact de ces phénomènes.

Le cas des remontées de nappes

Il s’agit d’un phénomène secondaire, concomitant des crues d’origines pluvio-océaniques (saturation de la plaine). Il s’observe très facilement lors des montées de crues par le simple fait qu’étant des eaux d’émergence, elles sont claires et sans mouvement, particulièrement par rapport aux eaux de débordements.

La Dordogne en phase de montée de crue en décembre 1981, plaine de St Denis Martel. L’eau dans le lit est trouble, et elle est claire dans les grands chenaux de crue parcourant la plaine de Saint-Denis-lès-Martel. Cela est caractéristique de la phase de montée de crue avec émergence de l’eau de nappe dans les points bas de la plaine. En haut à gauche, la plaine d’inondation de la Tourmente à Saint-Michel-de-Bannières est, elle, déjà remplie d’eau de crue particulièrement trouble.
La Dordogne en phase d’étale de crue, en janvier 1982, plaine de Souillac. L’eau parcourant les chenaux de crue au pied de la ville est aussi trouble que celle dans le lit. Ils sont donc empruntés par de l’eau de débordements.

Les types d’inondations appliqués aux cours d’eau du périmètre et leur caractérisation

Répartition des types d’inondation selon les cours d’eau

  • Les crues de la Dordogne et de la Cère (bassins versants de plus de 1 000 km²), sont des crues d’inondation de plaine. Elles sont complexes car issues de bassin important, Les caractéristiques de ces crues sont fluviales et artificialisées par les barrages. Les montées de crue durent au moins une semaine. Les mois de décembre et janvier connaissent la plus forte récurrence. Les vallées sont équipées de systèmes de prévision de crues fiable avec des pas de temps confortables pour assurer l’alerte et l’évacuation.
  • Les crues de la Bave et de l’Ouysse (bassins versants de plus de 300 km²), sont de types composites. Elles sont en cela complexes, par la taille du bassin versant et la disposition du réseau hydrographique, mais aussi par leur hydrologie (mélange de crues de plaine et de crues rapides) et générées par des épisodes pluvieux multiples (orages et pluies océaniques). Un système d’alerte local peut être efficace sur ces bassins, à l’exemple de celui de la commune de Saint Céré. Les débits lors de plus fortes crues peuvent être multipliés par 10 voire par 20 en quelques heures.
  • Les crues du Mamoul, de la Sourdoire, du Palsou, de la Tourmente, de la Borrèze (bassins versants inférieurs à 200 km²) sont de type rapide, parfois composite. Ces cours d’eau se caractérisent par des montées et décrues rapides et des facteurs aggravants fréquents (embâcles, effets de bouchons, remous…). La taille des bassins versants de ces cours d’eau les rend sensibles à des événements météorologiques variés, de l’orage violent d’été aux longs épisodes pluvieux d’hiver. Leur sensibilité aux orages et plus fortes que la Bave ou l’Ouysse.
  • Les ruisseaux secondaires et rus (Vignon, Limons, Caillon, Cacrey, Orgues, Autoire, Alba, Négrie, Font Vieille…) sont à l’origine de « coups d’eau » soudains et violents issus d’épisodes pluvio-orageux de saisons chaudes (printemps – été – automne). Il peut s’agir du type rapide ou torrentiel. Sans prévision possible et avec des temps de gestion de crise réduits au minimum, ces phénomènes ont un fort impact sur les milieux et les riverains.
  • Les versants sensibles au ruissellement superficiel et torrentiel sont répartis sur l’ensemble du territoire et ont tendance à se développer du fait de certaines pratiques agricoles et de l’extension des secteurs urbanisés, particulièrement autour des agglomérations sensibles aux « coups d’eau » (Saint-Céré, Souillac…).

Mais il n’y a pas de clivages nets entre les types de crues sur un même cours d’eau. Cela est d’autant plus vrai sur un secteur de confluence. Les deux exemples ci-dessous illustrent ces deux cas de figure pour un même site (Vayrac/Souillac).

Caractérisation de l’aléa inondation

Deux démarches ont permis de caractériser l’aléa inondation sur l’ensemble du périmètre du SMDMCA :

  • La réalisation de la cartographie informative des zones inondables :
    • En Midi-Pyrénées, par la DREAL entre 1998 et 2002,
    • En Corrèze par la Direction Départementale de l’Equipement,
    • Dans le Cantal, sur les grandes rivières d’Auvergne en ce qui concerne la Cère Aval, par la DIREN

Ces documents sont établis au 1/30 000 et délimitent les zones inondables à partir de l’analyse historique et hydromorphologique des plaines et de leur cours d’eau. Il renseigne sur l’extension et la récurrence des inondations. C’est un document de portée informative, il n’a pas de valeur réglementaire néanmoins les acteurs territoriaux doivent tenir compte de cette information.